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Société de Saint Vincent de Paul Conseil Départemental de l'Eure
4 décembre 2013

NOVEMBRE 2013 / SAINTE CÉCILE, VIERGE ET MARTYRE

« Une espérance infatigable »

 

« L’homme, selon le christianisme, vit de deux vies : la vie
de la nature et celle de la grâce qui s’ajoute à la nature.

Dans l’ordre surnaturel,le vrai révélé à la foi constitue
le dogme, le bien embrassé par l’homme produit la morale,
le beau entrevu par l’espérance inspire le culte.

Il semble qu’ici tout soit immuable, et cependant
Vincent de Lérins veut que la loi du progrès s’y fasse obéir.

Le dogme ne change point, mais la foi est une puissance
active qui cherche la lumière, fides quærens intellectum.
Elle conserve la vérité révélée, mais elle la médite,
elle la commente, et du symbole que retient la mémoire d’un
enfant, elle tire la Somme de saint Thomas d’Aquin.

La morale ne change point, mais l’amour qui la met en
pratique ne connaît pas de repos. Les préceptes restent,
mais les œuvres se multiplient. Toutes les inspirations de
la charité chrétienne sont déjà dans le Sermon sur la
montagne : cependant il fallait des siècles pour en faire
sortir les monastères civilisateurs, les écoles,
les hôpitaux qui couvrirent toute l’Europe.

Enfin, le culte ne change pas, du moins dans son fond, qui
est le sacrifice : un peu de pain et de vin, au fond d’un
cachot, suffisait à la liturgie des martyrs.
Mais une Espérance infatigable pousse l’homme à se rapprocher
de la beauté divine qui ne se laisse pas contempler ici-bas
face à face. Il s’aide de tout ce qui semble monter au ciel,
comme les fleurs, le feu, l’encens. Il donne l’essor à la
pierre et porte à des hauteurs inouïes les flèches de ses
cathédrales. Il ajoute à la prière les deux ailes de la poésie
et du chant, qui la mènent plus haut que les cathédrales et
les flèches. Et cependant il n’arrive encore qu’à une distance
infinie du terme qu’il poursuit.
De là cette mélancolie qui respire dans les hymnes de nos
grandes fêtes.
Au sortir des pompes sacrées, l’homme religieux ressent
l’ennui de la terre et dit comme saint Paul : « Je désire
la dissolution de mon corps pour être avec le Christ.
Cupio dissolvi. » Ce cri est encore celui d’une âme qui veut
grandir ; en effet, le christianisme représente les saints
allant de clarté en clarté, et le bonheur de la vie future
comme un progrès éternel. »
 
 

Bienheureux Frédéric OZANAM

 

La Civilisation chrétienne au Ve siècle,

Première et deuxième leçons, « Du progrès dans les siècles de décadence »,

Œuvres Complètes, 3ème Édition, 1855, tome I, pp. 21-23.

 

**************************************************************************

 

Frédéric Ozanam, avant d’agir ou plutôt avant d’ « opérer », de se lancer dans une opération de petite ou grande envergure ou une œuvre, que ce soit l’exercice de la charité dans les rues de Paris puis dans le monde ou la défense de la foi chrétienne dans ses cours à la Sorbonne et dans ses écrits – car il s’agit bien ici d’une œuvre –  est un observateur attentif et un contemplatif amoureux de « la vie de la nature » et de la vie de la grâce « qui s’ajoute à la nature ». Cette grâce divine qui n’empêche en rien la liberté humaine ni ne se substitue à la nature humaine mais qui vient au secours de notre « faible » chair. En ce sens, Frédéric est donc un fidèle héritier de saint Vincent de Paul, ce contemplatif avant et dans l’action, et par là fidèle, lui aussi, à l’Évangile [1]

« L’homme vit de deux vies » : il est là le fondement de la vie chrétienne et il se présente à nous chaque jour comme un défi « olympique » sans cesse à embrasser. Non pas une schizophrénie subie ni un double jeu à mener. « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu [2]. » Deux vies, deux nourritures… Nous pouvons dire : oui, je le veux, « que tout se passe pour moi selon Ta parole » comme Marie a pu le dire et laisser la grâce opérer. Ou bien nous pouvons repartir tout tristes comme le jeune homme riche…

Nous ne naissons pas chrétiens, nous ne sommes pas chrétiens du jour au lendemain dès notre baptême : nous devenons chrétiens en suivant le Christ. « Il semble qu’ici tout soit immuable, et cependant la loi du progrès se fait obéir. » Aussi Frédéric Ozanam nous invite, moyennant la grâce, à progresser dans tous ces domaines : chercher la lumière ou discerner, méditer, prier, célébrer la divine liturgie, mettre en pratique la charité « qui ne connaît pas de repos », multiplier les œuvres…

Frédéric, par son regard d’historien, nous rappelle également qu’entre l’inspiration, la parole prononcée et la mise en œuvre, la réalisation, il peut se passer des siècles entiers. Nous semons mais d’autres après nous ferons la récolte. Et notre trésor, « le bonheur de la vie future », se trouve au ciel. Aussi, selon son souhait, que notre espérance sur cette terre demeure « infatigable » et nous « pousse à » nous « rapprocher » quotidiennement tant de Dieu que des hommes. Tel est le chemin de la sainteté…

 

Jérôme Delsinne cm

Pour prier :

- Psaume 145.

 

À lire :

- Card. Jean-Marie Lustiger, Premier pas dans la prière, Nouvelle Cité, 1986, 194 p.

- Pierre Pierrard et Amin A. de Tarrazi, Ozanam un saint laïc pour notre temps, éditions du Signe, 1997, 48 p.

 



[1] Luc 14, 28 : « En effet, lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? »

[2] Matthieu 4, 4.

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Commentaires
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  • La Société de St Vincent de Paul, combat cette nouvelle pauvreté de notre temps : la solitude. En étant "amis pour aimer" l'association pratique la "charité de proximité". "Je voudrais enserrer le monde entier dans un réseau de charité"
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